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Premier cru

Pour sa première édition, le festival international du film indépendant de Bordeaux, dit FIFIB, s’est placé sous le double patronage d’Olivier Assayas et de Jonathan Caouette. Ce dernier surtout incarne la tendance de la sélection officielle : en compétition, huit longs métrages plus ou moins fauchés, uniquement des premiers films (exceptées Les Coquillettes de Locarno de Sophie Letourneur), pour certains glanés à Cannes (Rengaine, Antiviral, Gimme The Loot…) dans les compétitions parallèles. Un des trois programmateurs, Nathan Reneaud, précise : « Jonathan Caouette s’est imposé dès le début ; on ne peut pas faire plus indépendant que Tarnation, son premier film. Quant à Olivier Assayas, c’est quelqu’un qui a eu un rôle de défricheur dans Les Cahiers des années 1980, avec Charles Tesson. Et c’est un réalisateur qui est allé autant vers le film de genre que vers le film d’auteur ». La programmation a tenté de refléter cette variété sous l’étendard kilométrique de l’indépendance. « Il faut surtout penser au public, et essayer de donner une vision d’ensemble du cinéma indépendant, tant d’un point de vue esthétique que politique ». La programmation jeune public s’est constituée en particulier autour du cinéma des révolutions arabes, tandis que la compétition a clamé son hétérogénéité, appuyée sur une ligne éditoriale aux contours plus ou moins précis : la jeunesse. Pour les films d’ouverture et de clôture, la jeunesse a dû se contenter d’Assayas (Après mai) et de Costa-Gavras (Le Capital).

La création de ce nouveau festival revient à deux bordelaises, Pauline Reiffers et Johanna Caraire. Les précédentes tentatives de la région (le festival du cinéma au féminin et le festival CinémaScience) n’avaient pas pris, laissant Bordeaux sans événement cinématographique d’ampleur ; la mairie juppéienne a donc souscrit à l’avènement du FIFIB.

Samedi soir, lors de la courte cérémonie de clôture (quatre prix ont été remis), les organisatrices se sont félicitées de l’affluence du public aux séances, réparties entre le multiplexe UGC et les magnifiques salles de l’Utopia, succès qui leur permet d’espérer la pérennité du festival.

Outre les récompensés du programme parallèle Kino de courts métrages (The Road to Klampenborg de Thomas Gendreau et Louise de Bruno Fontana), les deux lauréats de la compétition soulignent les tendances fortes de celle-ci : d’un côté le do-it-yourself revendiqué par Rengaine de Rachid Djaïdani (Lune d’Or), de l’autre les films de performance tel Antiviral de Brandon Cronenberg (Lune d’Argent). Deux tendances qui se rejoignent pour le meilleur dans l’œuvre de Jonathan Caouette. Une autre voix de la compétition s’est bien heureusement tue lors de la remise des prix : celle de l’indie ultra lisse de Not Waving but Drowning (Devyn Waitt). Le choix du jury, malgré les réserves que peuvent inspirer les deux lunés, présage d’un avenir prometteur au festival bordelais.

par Louis Séguin
jeudi 11 octobre 2012