Sorti il y a trois semaines, Epic est singulièrement lisse, si bien que ses défauts le sont aussi et qu’on ne les remarque à peine. L’histoire, comme chez Shyamalan, vise le conte décomplexé, avec personnage relais imposé par le studio : une ado se retrouve plongée dans le micro-monde des hommes-feuilles, à échelle de fourmi, et traverse une série de péripéties initiatiques s’enchaînant dans un ordre strict. L’animation est telle que, à l’inverse des films tournés sur fond vert, les personnages ont l’air moins réalistes que leur environnement. Au milieu de ce désert surgissent les pulsions imaginatives du réalisateur, Chris Wedge (le premier vrai réalisateur de dessins animés 3D à être apparu après John Lasseter, avec L’Age de Glace, en 2002). Elles sont très belles - voir l’intrusion de la métavidéo dans le film, lorsque le corps de la princesse mourante se met à clignoter comme une image sur un écran - mais si rares qu’on pourrait ne parler d’Epic qu’en se référant aux films qu’il numérise, adapte, imite, qu’aux vagues sur lesquelles il surfe, aux recettes qu’il applique. Cela donnerait une liste d’extraits video où se succèderaient en vrac : Avatar, Arthur et les Minimoys, Chérie j’ai rétréci les gosses, le premier Fantasia, le Robin des Bois de Curtiz, L’Age de Glace, Raiponce, Star Wars, Voyage au centre de la Terre 2, Le Roi Lion, Aladdin, Le Magicien d’Oz de Raimi, John Carter, Alice au pays des merveilles - Disney et Burton-, Le Retour du Roi, Inception, les films de samouraïs et même La Rose pourpre du Caire. Un bel embrouillamini où suffisamment d’ingrédients différents se retrouvent mélangés pour transformer un foutoir en univers florissant. Pendant ce temps-là, au festival d’Annecy, on découvre l’avant-première du prochain film Pixar, Monstres Academy : il semblerait que de côté-là aussi, on soit dans la numérisation de teens movies, et de la boulimie référencielle pour recouvrir le manque d’inspiration côté scénario - les animateurs, eux, n’en manquent toujours pas.