Edito #01

23 septembre 2009

La semaine qui vient aurait pu opposer mac-mahoniens et intellectuels de gauche, si nous étions encore dans les années 50. Les premiers auraient vu, aimé et soutenu jusqu’à la mort le dernier film de Kathryn Bigelow, comme ils avaient l’habitude de défendre un film de Lang ou de Fuller. En disant que le cinéma n’est pas une question d’introspection mais consiste à mettre un acteur devant la caméra, à respecter sa présence, à admirer dans son effort de comédien la violence d’un geste, la puissance d’un homme. Comme écrivait Michel Mourlet : à substituer à notre regard un monde qui s’accorde à nos désirs. C’est exactement ce qui arrive dans Démineurs. Film magique, troublant.

Pour les mêmes raisons, les mac-mahoniens auraient déserté Hotel Woodstock. Pas seulement parce qu’il sent le hippie et le geek. Ils auraient détesté Ang Lee depuis bien plus longtemps, jusqu’à en faire un vrai ennemi avec Hulk. Film qui ose découper et monter dans le même plan, casser l’acteur en plusieurs cadres, faire de l’écran un espace purement conceptuel. Ils y auraient vu une adaptation des psychologismes de Vertigo. Un éloge de la peur. Et auraient crié au scandale pour la séquence où la tête et le coeur de Bruce Banner gagnent sur la colère de Hulk, et où le géant vert est réduit à un petit mec Bana. De même, les intellos de gauche auraient trouvé tout cela limite fasciste. Ils auraient déserté le fanta-réalisme anti-intellectuel de Démineurs pour s’assoir devant Hôtel Woodstock. Ils seraient sorti de la salle sur un nuage en pensant à la douceur du film, à sa manière subtile de décrire les hippies comme frères jumeaux des marines. Les deux se déplaçant sur des hélicoptères, envahissant la terre des paysans, transformant la campagne verte en un terrain aussi boueux qu’un champ de bataille.

Et aujourd’hui ? Peut-on aimer les deux ? Le cinéma prométhéen de Bigelow et celui lysergique de Lee ? Cela se discute. On va en parler. Pour commencer, une vignette rattrape une grande sortie de septembre, en introduisant deux nouveaux du groupe Independencia.

par Rédaction
mercredi 23 septembre 2009

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