Trois journées de présence, dans un festival long de huit, laissent peu de place à la dispersion. La visite de Nantes attendra. C’est ce qu’il y a d’agréable et paradoxal avec le rythme provincial : on peut prendre son temps même lorsqu’il vient à manquer. Le Festival des Trois Continents, compact, dont le cœur s’étale en quelques centaines de mètres carrés, invite à la concentration. Il propose un panorama de films venus d’Asie, d’Amérique Latine ou d’Afrique, dont les rares représentants présent à cette édition, le Cameroun avec Koundi & Le Jeudi National d’Ariane Astrid Atodji et le Maroc avec Sur La Planche de Leïla Kilani, étaient hors compétition. Une occasion rêvée d’avoir le monde à portée de toile, comme la possibilité de voir du pays à deux heures de la capitale, voyage mental et immobile – la fatigue et le décalage horaire en moins. Un privilège qu’on aurait tort de se refuser.
L’avantage qu’offrent les Trois Continents est donc autant une assurance de déffrichage qu’une promesse de renouveau (équipe rajeunie, des premières œuvres et des jeunes cinéastes). On espère d’avantage y faire de fraîches rencontres qu’assister à ronronnant défilé de signatures. Comme un saut dans le vide : plusieurs fois, je suis entré dans la salle sans souhaiter en connaître d’avantage qu’un endroit et un titre sur le spectacle à venir. Ce qui n’a rendu que plus sidérante l’apparition des spectres et le réalisme magique du grand Chatrak de Vimukthi Jayasundara.