Edito #08

25 février 2010

Rentré de Berlin, Cannes se profile. La manière d’y être reste à voir. Des questions économiques rentrent en jeu – depuis presque un an, Independencia est une entreprise entièrement bénévole, merci à tous. Cannes fut le berceau de la revue. Si Cannes se profile, c’est que nous allons pouvoir fêter un anniversaire. Comment, cela reste aussi à voir.

Pourquoi, c’est plus clair. Les encouragements se multiplient. La fréquentation augmente – vous êtes chaque mois, actuellement, près de 4000. Le plus important dans cette affaire, c’est que la revue vit malgré tout, nous permet à tous d’exister, et dès lors d’atteindre cette ambition, formulée au départ, de repenser la profession critique. Qu’internet maintienne la gratuité, cela peut se justifier. Mais la critique y est alors forcée de vivre d’autres expédients, d’imaginer d’autres formes aussi, mais nous ne sommes pas les seuls : voyez les salles, les vidéo-clubs, confrontés à bien pire. Après tout, Internet est un lieu offensif, pas un refuge. Les forums y font la loi car rien ne vient contrebalancer leur logorrhée, ça ne durera pas. Ce n’est pas à internet de craindre pour son avenir mais à la presse papier. Il y a peu, voire pas, de sites critiques contrebalançant leur présence uniquement digitale par une inscription dans un lieu, une participation à des évènements physiques. Qui le pratique d’une manière professionnelle, comme dans le mot de Truffaut : chacun a un métier, le sien et critique de cinéma (ce qui veut dire que critique est une activité répandue, mais qu’elle est avant tout un métier). Chance du 104 bien sûr, mais renouvelable ailleurs.

Cette semaine sortent Scorsese, dont on dit qu’il tente des choses impossibles, qu’y dominent ses visions infernales, mais qu’il est nul vers la fin. Couples Retreat, curiosité comique avec Vince Vaughn et Jean Reno (peut-être). Le Single man de Tom Ford (à la rigueur). Liberté de Tony Gatlif (probablement pas). Un Pierre Richard, un film textile chinois. La Reine des Pommes de Valérie Donzelli, d’abord. On va rattraper Sherlock Holmes, Hors de contrôle, Fantastic Mr. Fox. Les semaines ont montré qu’il ne servait à rien, vues nos forces, de coller au train de l’actualité. Et puis, nous voyons davantage les films en salles, au moment où ils sortent, que quelques mois avant en projection de presse. Cela a ses inconvénients comme de manquer beaucoup de choses, et ses avantages comme d’être porté par la rumeur des films, éviter l’ambiance parfois spéciale des projections de presse, prouver que le sort d’un film n’est pas joué le mercredi à 16h mais continue d’alimenter les discussions. Cela permet, surtout, d’être ouvert à un autre type d’actualité, celle que nous fabriquons.

par Rédaction
jeudi 25 février 2010

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