spip_tete

34e Festival du Réel

Notes du mercredi 28 1/2

Billet #7

Billet #11

Notre corps est une arme (Combattants #8) , Clarisse Hahn, trilogie (en voie de développement) composée de : Prisons, 12min ; Gerilla, 19min ; Los Desnudos, 16min.
7.3

Espoir-Voyage, de Michel K. Zongo, Burkina Faso-France 2011, 81h 22min, (Compétition premiers films)
8.0

Après le silence (Ce qui n’est pas dit n’existe pas ?), Vanina Vignal, France-Roumanie 2012 , 1h35min. (Contrechamp français)
7.0

Recuerdos de una manana, Jose Luis Guerin, Corée du Sud 2011, 0H 45 min, (News from...).
8.0

Billet #10

Tiens Moi Droite, de Zoë Chantre, France 2011, 1h04min. Contrechamp français.
5.2

Bachelor Mountain, de YU Guangyi, Chine 2011, 1h35min. News from...
6.5

Billet #9

East Hastings Pharmacy, Antoine Bourges, Canada, 2011, 0h46min. (Compétition internationale)
4.0

East Punk Memories, de Lucile Chaufour, France, 2012, 1h20min. (Contrechamp Français).
4.0

Billet #8

River Rites, Ben Russell, États-Unis, Surinam, 2011, 11min.
8.5

Two Years at Sea, Ben Rivers, Grande-Bretagne, 2011, 1h 28min.
6.9

Autrement, la Molussie, Nicholas Rey, France, 2011, 1h 21min.
Non noté

Billet #7

Five Broken Cameras, Emad Burnat et Guy Davidi. France, Israël, Palestine 2011.
8.0 (Compétition premiers films).

Billet #6

Les Hommes de la Baleine, M.R. France, 1956, 26 min.
8.5

Vive la Baleine, M.R. France 1972, 17 min.
7.2

Mario Ruspoli : prince des baleines

Florence Dauman, France, 76 min
(pas de note)

Billet #5

Orquestra Geraçao

Filipa Reis et Joao Miller Guerra, Portugal 1h 03min
6.1 (Compétition internationale)

Henri Hudson and his son, Federico Pezdirc, Espagne 0h 20min
3.8 (Compétition courts).

Dusty Night, Ali Hazara, Afghanistan, France 0h 20 min.
5.9 (Compétition courts).

Earth, Victor Asliuk. Biélorussie, 0h 33 min.
7.6 (Compétition courts).

Billet #4

Kako sam zapalio Simona Bolivara [The Fuse : Or How I Burnt Simon Bolivar], Igor Drljaca, Bosnie Herzégovine, Canada 2011, 9 min. (Compétition courts)
6.3.

Découverte d’un principe en case 3, Guillaume Massart et Julien Meunier, France, 2012, 0h59min.
5.0 (Contrechamp français).

Billet #3

Soreiyu no kodomotach [Children of Soleil], Yoichiro Okutani, Japon 2011, 1h47mn (Compétition internationale premiers films).
3.8.

Billet #2

Dochters, Marta Jurkiewicz, Pays-Bas, 2011, 23’, (Compétition courts-métrages).
5.3.

L’Oiseau sans pattes, Valérianne Poidevin, France-Suisse, 2011, 65’, (Contrechamp français).
7.7

Billet #1

Snow City, Tan Pin Pin, Singapour, 15’, 2011.
4.2

Automne, Dmitri Makhomet, France, 26’, 2012
4.5

Los Animales, Paola Buontempo, Argentine, 8’, 2011
7.0

Four Months After, Yuki Kawamura, Japon/ France, 12’, 2011
6.3

Combattants #2 : La decisión de vencer, Guillermo Escalón, Salvador, 63’, 1981
5.5

Bestiaire, Denis Côté, Canada, 72’, 2012, (Compétition Internationale).
7.7

Billet #0

A nossa forma de vida, Pedro Filipe Marques, Portugal, 2011, 91’
6.0

Five Broken Cameras

Emad Burnat et Guy Davidi. France, Israël, Palestine 2011.
8.0 (Compétition premiers films).

Les yeux noirs

Une balle dans la caméra. Des oliviers déracinés. Des oliviers embrasés. Au loin, les immeubles israéliens en construction. Peu après, une kippa sert à cacher l’objectif de l’une des cinq caméras d’Emad Burnat. De 2005 à 2010, celles-ci enregistrent un réel lourd de symboles. Le film lui-même en est un, tourné par un Palestinien, monté avec l’aide d’un Israélien, Guy Davidi. C’est, pour l’heure, un des meilleurs films vus au Réel. Cinq caméras et quatre enfants. Les métaphores ne manquent pas, elles sont claires, portent droit au cœur. On en sort avec l’impression que l’immémorial conflit du Proche-Orient est celui du cœur et de la tête, des sentiments – amour et colère – contre la raison – celle du plus fort, celle du commerce. Des chèvres contre des buildings. Un habitant de Bi’lin, ville menacée par les colons, hurle face à un impassible mur de soldats. Dans Five Broken Cameras, pas une image qui ne crie, elle aussi.

Images blessées. Perturbé par les gaz lacrymogènes qui s’abattent sur les manifestants, le caméscope s’enraye. À bout de zoom, le plan des soldats faisant feu se pixellise, les carrés se font de plus en plus gros, le son grésille – noir. Ces images du combat arrivent sur les écrans de Beaubourg comme des rescapées. On y voit, enfin, tout. La plaie d’une cuisse sous le slip, sur la poussière. L’hématome noir causé par le choc d’une grenade lacrymo reçue en plein visage. Le sadisme des soldats traitant les hommes derrière les barbelés comme des animaux en cage : exécutions sommaires, enlèvements nocturnes, les caméras de Burnat ne ratent rien. La résistance de la Palestine n’a jamais été aussi efficace.

Sa plus grande force, Five Broken Cameras la tire d’un regard en particulier. Nous sommes toujours à Beaubourg, édition 2012. Tout est dans les yeux. Le dernier des quatre fils de Burnat, Gibreel, est né en même temps que la première de ses cinq caméras. À deux ans, il est à l’avant d’une voiture stationnée sur un chemin de terre. Plan des grands yeux du garçonnet face auquel, à une dizaine de mètres, des soldats tabassent ses frères. Très fort. Plus fort finalement que les images d’Epinal où des jeunes en keffieh balancent des pierres. Qu’est-ce qui se construit dans ce regard-là ? Quel engagement sera celui de Gibreel ? Qui seront les Palestiniens de 2030 ? Après les nombreux plans d’oiseaux en vol, c’est toujours en haruspice que Burnat scrute les yeux de son dernier fils. Ces yeux sont noirs.

par Camille Brunel
jeudi 29 mars 2012

Accueil > évènements > festivals > Cinéma du Réel 2012 > Notes du mercredi 28 1/2