patrick swayze

alias blondsteak

Un autre site, un autre temps, d’une époque révolue, notre ami Shad Teldheimer tenait une rubrique de nécrologies qui fit parler d’elle. Nous lui avons dédié un espace sur Independencia. La mort soudaine de Patrick Swayze – au moment de la sortie française de Démineurs de Kathryn Bigelow (qui lui avait confié le rôle de Body dans Point Break, de loin son meilleur, celui qui l’a rendu célèbre) – a imposé le retour de son blog : "Salut l’artiste".

Je suis désolé d’entamer ce retour en contredisant si vite mes chers amis fauchés, et guère glamour, d’Independencia. Si La Revue, que j’ai dirigé pendant vingt ans, m’a appris une chose, c’est que le journalisme est avant tout affaire de précision. Et seulement ensuite d’émotion. Le rôle qui a rendu Patrick Swayze célèbre est celui de Sam Wheat dans l’admirable Ghost de Jerry Zucker.

C’était un été torride comme à chacun de mes passages en Californie. La piscine de Bruce Rubin était alors un des mes refuges préférés. Son bar était toujours bien fourni en Martini extra dry, mais cette fois là quelque chose clochait. What’s up Bruce ? Un souci avec l’olive ? Il était tout rouge. L’olive n’y était pour rien. Il venait d’écrire Ghost et, pour le rôle principal, il voulait Patrick qui, en ayant parlé à la télé de la mort de son père, lui avait fendu le cœur. Eh bien, pas question de convaincre Jerry Zucker de diriger cet acteur. Il trouvait Patrick con comme un surfeur texan et lui préférait Tom Cruise, déjà scientolo, plus juste dans le rôle de celui qui croit aux fantômes. Modestement, Shad eut le dernier mot. Ecoute Jerry, lui ai-je dit, t’es sympa comme une villa, plutôt bon cinéaste, mais tu comprends que dalle aux acteurs. Patrick ressemble à un steak avec une perruque, d’accord. Quand il sourit on dirait une courbature du mollet. Ok. C’est bien pourquoi l’émotion chez lui est aussi extravagante qu’un pneu qui pleure : un miracle. Prends-le et ton Ghost va cartonner. J’étais bon, je le sais. Il m’a écouté. Je ne sais pas si Patrick a jamais su combien il m’était redevable pour la suite de sa carrière. Je lui aurais rappelé cette dette personnellement, car j’étais juste en train de réfléchir à une rétrospective intégrale de son œuvre quand il est mort. Et pourtant, je n’arrive pas à lui en vouloir. Je l’aimais ce vieux surfeur. Je n’ai pas envie de me pencher sur les détails de sa technique de jeu. Il est fils de John Milius, de ses garçons fort et courageux comme des demi-dieux abandonnés sur les plages de Bakalora et de Jimmysand. Katie Bigelow est la seule qui sut libérer son potentiel prométhéen en l’appelant simplement « Body ». Non, je ne peux pas, plus tard peut être. Quand mes larmes auront séché. Pour l’instant, j’ai juste envie de serrer fort son body dans mes bras et de lui chuchoter doucement dans l’oreille : salut l’artiste.

par Shad Teldheimer
mardi 15 septembre 2009

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